lundi 21 avril 2008

The Flower Power is dead

Comme j'aurais aimé vivre Mai 68.
J'aurais aimé vivre l'idéologie de cette période. Peace and Love. Aimons nous les uns les autres. Pas pour profiter des effets bénéfiques apparents de la drogue et du sexe -pas seulement en tout cas- mais pour faire partie de ce mouvement étudiant euphorique, de cette révolution utopique qui a fait le tour du monde, pour partager cette gloire de pouvoir individuel et de liberté nouvelle. Moi aussi j'aurais souhaité pousser ce cri du cœur : Laissez-nous vivre en paix, nous épanouir, laissez nous profiter de notre jeunesse, de nos beaux jours...

J'aurais voulu être éduquée ainsi. A cette époque, jamais la créativité de l'enfant n'a été autant reconnue et sollicitée. L'art, la musique, la culture, les aspirations individuelles, l'épanouissement personnel enfin promus au premier rang. Exerçons un métier qui nous passionne, évitons les voies toutes tracées, traçons notre propre chemin ! J'aurais voulu y croire, décider de devenir écrivain, vivre d'amour et d'eau fraiche...

Retour à la réalité : Je suis étudiante en Ecole de Commerce. C'est un choix raisonné. Un brillant avenir m'attend à la sortie de l'Ecole, du moins je l'espère, j'ai bossé dur en prépa pour ça. Je vais faire du marketing. Est ce que ça me plaît ? Oui, enfin je crois. Est ce que ça me passionne ? Oulà, drôle de question. La passion, un bien grand mot... Je me pose des questions, je m'interroge. Je reproche à mes parents, à la société, au monde entier de ne pas m'avoir encouragé à développer mes gouts, mes aspirations. Je me reproche à moi même de ne pas m'être lancée dans une carrière -probablement ratée, certes, mais peut-être plus épanouissante- d'actrice, de comique, d'écrivain, de sculpteuse, que sais-je encore?

Avril 2008, on approche de l'été. Je me cherche un job pour gagner un peu d'argent. Je m'écarte légèrement des sentiers battus de l'Ecole de Commerce. Je décide de me frotter au monde du travail. Fini les idées reçues, peu m'importe l'intérêt ou la gratification du travail à effectuer, je veux juste réaliser quelques économies. Je postule partout ou presque : seerveuse, vendeuse, caissière -pardon, hôtesse de caisse- standardiste, téléopératrice, chef de rayon, hôtesse d'accueil... je postule même pour un stage à l'armée ou encore pour un poste d'employée saisonnière qui consiste à vendre des sandwich à la gare du Nord... je passe des heures et des jours entiers à postuler. Je déploie un temps et une énergie monstrueuse... Et RIEN. Pas de réponse ou alors quelques réponses négatives. Je ne comprends pas, je suis étonnée, je m'insurge, quelque chose cloche, n'a-t-on pas reçu mes mails et mes lettres ? Si pourtant.

Je décroche enfin un entretien de téléopératrice, chargée d'assistance. Enfin, c'est pas trop tôt! Entretien Lundi 9h. A mon grand étonnement c'est un entretien de groupe. A vrai dire j'ai même deux entretiens de groupe et un entretien individuel. Tout ça pour un job d'été ? Les têtes tombent. De 10 nous passons à 8 puis à 4... Il ne reste plus qu'une seule étape : l'entretien individuel. Je ne sais combien d'entre nous seront retenus au final... J'espère que le jeu en vaut la chandelle...

Et c'est quoi ce job d'ailleurs ? Chargée d'assistance Carglass. Vous connaissez forcément la pub. Le type a un bris de glace, on prend toutes les références de la voiture, carte grise etc... pour faciliter les démarches auprès de l'assurance et on lui indique le centre Carglass le plus proche. Pas de quoi casser trois pattes à un canard. Bon, c'est chiant, ça n'a aucun intérêt mais ça dépanne. Ok, je veux bien le faire.
Et là je rentre dans la salle du call center : une centaine de personnes sont scotchées devant leur ordinateur et parlent tout haut, une oreillette à l'oreille. Le brouhaha ambiant est abominable, il fait une chaleur étouffante alors que nous sommes au mois d'avril, l'air est pauvre en oxygène, la pièce est mal éclairée et trop petite. Le salaire ? Le SMIC, mais pour 39h de travail effectif. On bosse tous les samedi et en horaires décalés toute la semaine (variant de 6h à 22h), 15 min de pause montre en main par demi-journée de travail, une heure pour déjeuner. On ne peut pas être en retard, même de deux minutes, cela nuit à la productivité. On doit être réactif, on a un objectif concernant le nombre d'appels à réceptionner dans l'heure. Et par dessus le marché on doit faire face à des clients énervés et désagréables et rester calme et poli ! Le bruit, la chaleur, le stress, le manque d'air me montent à la tête. Je suffoque, je me demande pourquoi je suis là. Au secours, je veux partir d'ici maintenant !

Dernier entretien, je fais mon baratin habituel, je ne suis absolument pas convaincue mais apparemment je suis à peu près convaincante. Je dois faire partie des deux ou trois chanceux à être finalement retenus... Moi je me suis vendue, j'ai fait un speech à trois reprises. Mais eux, ont ils cherché ne serait ce qu'une seule fois à me vendre le poste, à me convaincre ? Ils pourraient me dire à quel point ce poste est formateur, ou juste mettre en avant la facilité à avoir des primes... Non, ils ne l'ont pas fait. Pourquoi ? Car ils n'ont pas besoin de le faire. Les gens se bousculent au portillon, le turnover est relativement faible ici. Il y a largement plus de demande que d'offre. Les travailleurs d'aujourd'hui peuvent endurer bien pire, ils ne se plaignent pas, ils ont l'impression d'être traités convenablement.

Et c'est à ce moment là que je commence à comprendre que LA réalité est très éloignée de MA réalité. Jamais je n'ai été aussi heureuse d'être en Ecole de Commerce, d'effectuer des études reconnues. Ce n'est pas forcément facile de trouver du boulot à la sortie mais au moins les entreprises s'intéressent à moi, et les postes sont gratifiants. Certes, écrasée sous le poids des heures sup et des responsabilités je ne sais encore comment je ferai pour concilier travail et vie familiale. Mais à choisir entre la vie que je suis supposée mener et leur vie à eux, je préfère la mienne !

Oui, on en est loin de Mai 68, on en est même TRES loin. Et d'ailleurs, que sont devenus ces fameux enfants de soixante-huitard ? A t'on dit à ces enfants que deux filières sur quatre à l'université allaient les mener directement à l'ANPE ? Pourquoi leur a-t-on fait croire que l'Etat pourrait ad vitam aeternam financer leurs vieux jours ? Leur a-t-on donné les outils pour maîtriser leur avenir ?

Nous avons la chance d'avoir été préparés à faire face à ces difficultés. Nous n'avons pas grandi dans le faux espoir que la vie serait facile pour nous. Certes, la vie d'étudiant est plus difficile aujourd'hui qu'il y a quarante ans mais nous possédons les outils pour maîtriser notre avenir. Cet outil je l'ai entre mes mains, c'est mon Diplôme. Et à force de cracher dans la soupe on finit souvent par oublier que tout compte fait, on est de sacrés privilégiés. Mais de ce choix raisonné et raisonnable je tire ceci : The Flower Power is dead !

dimanche 6 avril 2008

Le yaourt est il un dessert ?

Tout est parti de là. De l'un de ces échanges à priori totalement bénins entre colocs.
Béné, se dirigeant vers le frigo : "Je me prends un yaourt, t'en veux un ?"
Moi : "Oui, s'il te plaît"
Et Béné revient avec en main deux mousses au chocolat. Sur le coup j'ai pas vraiment compris.

Le fait est que si je vais en Bretagne chez Béné et que je demande un yaourt, sa mère m'apporterait probablement quelque chose que je qualifierais de "dessert lacté". A l'inverse, si Béné vient chez moi à Paris, que mes parents lui demandent ce qu'elle veut comme dessert et qu'elle dit "un yaourt", il y a fort à parier qu'ils feraient une drôle de tête.

J'ai alors décidé de voir qui de nous deux avait raison. En menant un petit sondage informel auprès de mes différents amis, j'ai constaté ceci :
- Les Bretons considèrent les yaourts comme des desserts
- Les Parisiens pensent que les yaourts sont des laitages et non des desserts
- Les Marseillais soutiennent les Bretons
- Les Normands soutiennent les Parisiens dans le but de contrer les Bretons et leur satané beurre salé
- Les Martiniquais (ne pas oublier les Dom Tom !) soutiennent la capitale
- Les autres sont partagés ....

Quel bordel ! (pardonnez moi l'expression).
Pour avancer dans le débat j'ai alors pensé à mettre en ligne ce petit sondage :

Que faut il retenir ?

1°) Que j'ai raison (de toute façon j'ai toujours raison)
2°) Qu'on peut faire dire ce qu'on veut aux chiffres et que rien ne garantit que le vote ne soit pas truqué

C'est pourquoi, dans le but de mettre fin à toute discussion, j'ai décidé de revenir à une forme de chauvinisme basique du style "Nous les parisiens on est les meilleurs de toute façon" qu'adoptent assez régulièrement les supporters des matchs de foot, et qui pourrait conduire à une vision de la France qui ressemblerait un peu à celle là :

Bon ok, j'y vais peut être un peu fort là ! Ennemis de l'humour s'abstenir !

Pour en revenir aux yaourts, j'ai fait des recherches sur internet pour essayer de démontrer que mon raisonnement était fondé [oui c'est vrai, parfois je n'ai rien d'autre à faire]. Après quelques recherches infructueuses, je me suis rendue compte qu'il n'y avait ni bonne ni mauvaise réponse. Tout dépend de la conception du yaourt au sein de chaque foyer :
- il y a ceux pour qui le yaourt est un produit alimentaire "bon pour la santé" et riche en calcium que l'on mange à la place du fromage avant le dessert
- il y a les autres, pour qui le yaourt est un plaisir, et qui le consomment souvent sucré ou avec des fruits en fin de repas
Les deux logiques se tiennent et il n'y en a pas une meilleure que l'autre.

Finalement, de ce débat sans intérêt sur les yaourts je retiens ceci : même ce que l'on considère comme une absolue certitude peut, à un moment ou un autre, être remis en question.

Mais heureusement, il reste une chose dont je suis absolument sûre. Je sais que tout le monde partage mon opinion sur ce point et mes recherches ont pu me confirmer cette absolue certitude. Oui, aujourd'hui je crois pouvoir affirmer sans risque d'erreur une information majeure : la compote de pommes est un dessert ! Ouf , je suis rassurée...
 
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