
Certes, Nantes est une ville adaptée aux vélos, mais ne mettre des bornes en libre service qu'en plein cœur de la ville alors que l'on va d'un point à un autre en 15 min à pied grand maximum me paraît un peu futile, voire franchement inutile. Il est de plus impossible d'emprunter un vélo après une heure du matin, heure à laquelle les trams arrêtent leur circulation et où il devient intéressant de songer à un autre moyen de transport. Enfin, la majeure partie des bornes en libre service ne le sont réellement que si on a souscrit auparavant à un abonnement au mois ou à l'année... Mouais, je suis un peu sceptique moi...
Il faut dire que j'ai quelques mauvais souvenirs du Vélib' à Paris :

Deux jours plus tard je renouvelle l’expérience. En sortant d’un restaurant près du centre Pompidou, je convainc sans trop de difficulté Max, un ami qui habite près de chez moi, de rentrer avec moi en Vélib’. Il est 23h01 montre en main, nous avons 30 minutes top chrono devant nous. Attention, prêt… top !
Faux départ, je viens de remarquer que mon vélo a la chaîne qui a sauté et il m’est impossible de la remettre. De son coté Max n’arrive pas à déverrouiller le sien. Apparemment la borne a un problème, elle fonctionne mal. 2ème essai environ 100m plus loin à la borne suivante. Prêt…top ! Cette fois c’est bon, il est 23h08 et nous sommes libres comme l’air pour une petite demi-heure. Un léger sprint pour se mettre en jambe et à peine partis nous voilà déjà arrivés… 10 min seulement, on est presque déçu !
Seulement voilà, ça ne peut pas être aussi simple à chaque fois : lorsque je veux reposer mon vélo la borne est pleine, il faut donc en trouver une autre. Même scénario pour la deuxième et la troisième borne. La quatrième nous éloigne un peu mais elle possède une place vide. Seul souci, nous sommes deux !
En bonne magouilleuse, j’en profite pour poser mon vélo 2 min, ce qui me donne une demi-heure de rab pour me trouver une nouvelle borne, cela ne devrait pas être trop difficile ! Max peut poser le sien définitivement.
Je passe devant une cinquième borne, elle est complète. La sixième, la septième, la huitième et la neuvième le sont aussi. Je commence à perdre patience d’autant plus que l’heure tourne et que je m’éloigne de plus en plus de chez moi. Et là tout part à veau-l’eau (et pas à vélo ;-) : à essayer de deviner des bornes de Vélib’ à l’autre bout de la rue je manque de me prendre un poteau, j’évite de justesse un mec à moitié bourré qui m’insulte copieusement et me cherche des ennuis, un autre me propose dans un demi sourire de mettre mon vélo directement dans sa voiture (et moi avec tant qu’à faire !), je grille un feu rouge…tout baigne ! Au bout de la 15ème borne pleine j’ai les nerfs à fleur de peau, j’entends le tic-tac de ma montre qui résonne et me remémore toutes les histoires que j’ai entendues sur le Vélib’. Vous connaissez l’histoire de Monsieur Untel qui a fini par craquer dans sa recherche infructueuse de borne libre et a hébergé son Vélib’ chez lui pour la nuit. Le lendemain c’est son compte en banque qui a tiré la tronche : 60€ se sont envolés ! Et celle de Madame Trucmuche qui est arrivée tellement loin de chez elle qu’elle a dû prendre un taxi pour rentrer !
Et ben c’est bien, avec ça je ne suis pas prête d’arriver chez moi !
Sans le moindre remord, j’essaie de me situer. Il est 00h01, je suis près de Bastille. Tant qu’à faire, autant rentrer à pied ! Sur le chemin je me fais doubler par un type en vélo. Pour une fois ce n’est pas un Vélib’. Il me regarde et affiche un sourire narquois… j’ai l’impression qu’il se moque de tous ceux qui n’ont pas leur propre vélo et se retrouvent dans la même situation que moi ! A 00h33 j’arrive enfin chez moi, quelles péripéties !
En résumé j’ai mis 1h30 à faire l’équivalent de 3 arrêts de métro. J’ai roulé pendant quasiment une heure et marché le reste du temps. J’ai rencontré des gens bizarres, évité de justesse un accident, respiré les pots d’échappement et stressé à cause du temps qui s’écoulait inexorablement. A mon impression de liberté a très vite succédé celle d’enfermement. Me voilà prise au piège : que puis je faire si je ne trouve pas de borne ? Et pendant que les bornes se remplissent, le sablier se vide et mon compte en banque aussi. Lutter contre le temps, c’est un épisode d’une demi-heure chrono. Mais peut on être libre quand les bornes nous imposent des limites de temps et d’espace ?
Conclusion : Avec le Vélib’, la liberté sans borne ce n’est pas gagné !

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