mardi 30 septembre 2008

A terre

Le voilà. Je l'aperçois au loin.
C'est le moment.
Le pistolet est prêt, je viens de terminer de le charger.
5 balles, 5 balles de 9 mm, c'est plus que suffisant.
Il est temps maintenant.

Je soulève mon pistolet et me concentre sur ma cible. Je saisis l'arme fortement, ferme l'œil gauche, et vise le cœur. Je prends une profonde inspiration. Lentement, très lentement, mon doigt appuie sur la détente... PAN !!! Le coup part dans un bruit assourdissant. Je l'ai touché. Je vise à nouveau et... PAN !!! Une nouvelle détonation sonore. Je regarde au loin. Cette fois, le voilà qui tombe à terre. Il ne se relèvera pas. Jamais.


A terre. Le panneau représentant ma cible au stand de tir est à terre. D'accord ce n'était qu'un panneau mais c'était si simple, trop simple...


Nous sommes allés au "Shooting Range". Un stand de tir perdu au fin fond de la Virginie. A l'intérieur des pistolets, des fusils, il y a pléthore d'armes... et des balles. Ça fait froid dans le dos.

Personne ne vérifie notre âge ni notre nationalité, la seule chose qui importe c'est que nous puissions payer. Comme aucun de nous n'a déjà tenu d'arme, un gars vient nous faire une petite démo. Tranquillement, il nous explique comment tenir le pistolet, comment le charger, comment s'assurer qu'il est vide avant de le recharger, et comment tirer. Nous l'écoutons en silence, posons quelques questions. Puis il nous remet à chacun un casque pour les oreilles, un pistolet et 50 balles (c'est le nombre minimum !) et nous indique où aller dans le stand de tir. "Have fun", nous dit-il !

Nous entrons dans la salle. Le bruit est assourdissant, même avec le casque. Devant moi, plusieurs personnes en ligne face aux cibles. Chacun peut choisir la sienne, plus ou moins grande, plus ou moins ressemblante. Il y en a même un qui a pris pour cible une image d'Oussama Ben Laden. C'est glauque. C'est d'autant plus glauque que la salle ressemble à un vieux hangar désaffecté avec des trous partout et des dizaines de douilles par terre.

Plusieurs gars s'entraînent à tirer. Il y en a un qui ne s'arrête presque jamais. C'est un policier. Les autres ont de drôles de têtes et des tatouages plein le corps. C'est pas rassurant. Il n'y a pas de protection, aucune sécurité. N'importe qui peut tirer n'importe où. Et ce sont de vraies balles !

Je me lance. Je charge les balles, saisis mon pistolet, vise ma cible, prends une profonde inspiration, appuie lentement sur la détente et... PAN ! Vous connaissez la suite...


C'est tellement simple, tellement facile, et tellement dangereux. N'importe qui peut avoir une (ou plusieurs) arme(s) aux Etats Unis. Il suffit d'avoir une licence que tout le monde peut acheter. N'importe qui peut se procurer une arme et surtout n'importe qui peut s'en servir. Ce n'est pas difficile de tirer, cela ne demande pas une force herculéenne, et il est surement bien plus facile de tirer un coup de feu que de donner un coup de couteau.

Tous les américains ont chez eux au moins un pistolet. For their own safety. C'est inscrit dans le second amendement de la Constitution et c'est bien ancré dans les mentalités. Ils en ont un chez eux, ils ne s'en servent pas, mais ils savent qu'il est là, au cas où... Mais quand je vois à quel point il est facile de s'en servir, je pense qu'il est bien plus dangereux d'en avoir un que de ne pas en avoir. Il y a des catastrophes tous les jours aux Etats Unis. Combien d'accidents et de massacres dans des lycées et universités ont eu lieu à cause de ça ? Combien y en aura t'il encore avant que les américains remettent en cause cet amendement ?

En ce qui me concerne je suis tentée de croire que ce problème n'est pas près d'être résolu. Notre professeur de politique étrangère, qui pourtant essaie toujours d'être impartial nous a dit ceci :"Un texte de loi devait être voté il y a quelques mois pour interdire d'acheter plus d'une arme par mois. La réaction des lobbys a été si virulente et leur pression si forte que ce texte n'a jamais pu être accepté. J'essaie d'être neutre mais franchement, une arme par mois ! Combien en faut il ?!?".

Oui, aux Etats-Unis il y a la Constitution, il y a les mentalités, mais il y a aussi les lobbys. Et on a trop souvent tendance à sous-estimer leur importance.

Quoi qu'il en soit, c'était la première fois que je tenais une arme en main, et c'est aussi la dernière !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Hello la Miss :-)
Heureux d'apprendre que tu es aux States! et qui plus est que tu t'y éclates!
Félicitation pour ton stage aussi! mais en même temps ça ne m'étonne pas de toi, tout comme ces articles plus divertissants et intéressants les uns que les autres!
Une très bonne continuation, avec plein de courage et de bonnes choses!

Eric

 
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